12 stations de métro à Montréal, à chacune se rattache la rencontre d’une femme. Leur point commun ? Elles sont francophones et ont tout quitté pour se trouver ou se retrouver à l’autre bout du monde. Découvrez leur parcours, leur vie et tout ce qui font d’elles aujourd’hui des femmes fortes.

Camille Blandine Céline Lidye Cynthia-Laure Harmony Sarah Marjorie Anaïs Katia Mélissa Alexandra

ALEXANDRA | 26 ans | Marseillaise

MÉTRO PARC

Date d'arrivée au Canada : 28/08/17

Date de rencontre : 16/10/2017

Pays habités : France | Canada

UNE DESTINATION VERS UN OBJECTIF DE VIE

1. MA FAMILLE À DISTANCE

Au début, lorsque je suis partie à Montréal, mes parents m’appelaient vraiment souvent. Ils avaient besoin de se rassurer, de vérifier que j’arrivais à me débrouiller seule. Quand je suis arrivée à un certain équilibre c’est plus moi qui les appelais pour prendre de leurs nouvelles.

En fin de compte, ils me connaissent mieux que moi-même. Ils ont confiance en moi. J’ai aussi une petite sœur. On a des caractères très différents. Malgré cela, quand nous ne nous voyons pas pendant longtemps, nous commençons vraiment à nous manquer. Aujourd’hui, nous avons une relation plus riche car quand nous sommes ensemble, nous nous concentrons sur les choses importantes et non sur les détails du quotidien.

2. S’ADAPTER À UNE AUTRE CULTURE

Même si les gens parlent Français à Montréal, la mentalité est très différente des Européens. Ça demande un réel effort de remise en question aussi bien personnellement que professionnellement. Comme chaque expatrié, il faut tout reconstruire, tout réapprendre. J’essaie d’avancer pas à pas et de manager un peu ma vie selon mon objectif. Globalement je suis plus heureuse ici qu’en France. Ça demande une certaine capacité d’adaptation et le chemin est plus long, plus dur mais aussi, plus intense et plus enrichissant.

3. LE LUXE ET LA PRESSION DE FAIRE MES PROPRES CHOIX

Il faut que je me donne à fond. J’arrive dans un pays où ils n’ont pas besoin de moi. Ça me demande de sortir de ma zone de confort. C’est à moitié de la chance, de l’envie et du culot. Ce qui va se passer ne dépend que de moi. C’est un saut dans le vide avec une certaine pression parce qu’il ne faut jamais oublier que j’ai choisi cette expatriation. Contrairement à d’autres, je ne suis pas partie parce que mon pays est en guerre civile. C’est un vrai luxe de pouvoir choisir.

4. MON RÊVE CANADIEN

J’aime qu’on soit en Amérique du Nord et qu’il y ait plein de possibilités. J’aime le fait que, quand tu te bouges et que tu développes des choses, les gens se souviennent de toi. Le Canada, ça a quelque chose du rêve américain mais avec un côté plus sécuritaire. J’aime aussi être dépaysée, me confronter à une autre culture, être un peu bousculée. Et il y a aussi une belle proximité avec la nature : à deux heures de Montréal, il y a des parcs immenses et des couleurs incroyables.

5. FLEURIR SUR UN NOUVEAU TERRITOIRE

L’expatriation, c’est comme une graine que tu dois planter. Si tu ne te forces pas à creuser en profondeur, que tu restes juste à la surface, tu vas te faire emporter par le vent au lieu de t’enraciner. Il faut t’en donner les moyens et résister à la pluie, à la tempête. En ce moment, j’essaie de faire pousser mes racines et j’espère qu’elles seront permanentes comme ma future résidence.

MON BILAN

Je ne sais pas si l’expatriation m’a donné plus confiance en moi. Mais ce qui est certain, c’est que cela m’a donné plus d’envies. Je me dis qu’il y a plus de challenges. Je vais vers quelque chose d’inspirant. L’échec fait moins peur ici. Donc, tu tentes des choses plus facilement. Peut-être aussi que les gens sont plus réceptifs.

Aujourd’hui, je sais ce que je veux et je vais travailler pour. Peut-être que cela ne se réalisera pas, peut-être que se sera mieux que ce que j’avais imaginé. Ce qui est sûr c’est que j’ai la chance d’être là et je compte bien en faire quelque chose.

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CAMILLE | 26 ans | Cænnaise

MÉTRO BEAUBIEN

Date d'arrivée au Canada : 30/06/2017

Date de rencontre : 14/10/2017

Pays habités : France | Belgique | Australie | Canada

UN ACCIDENT QUI RÉVÈLE UNE VÉRITABLE AVENTURIÈRE

1. UN VIRAGE À 180 DEGRÉS

Le 6 janvier 2012, j’ai eu un accident de voiture qui a bouleversé ma vie. J’ai eu une quasi-inversion de la courbure des cervicales : pendant 2 ans et demi, j’ai eu mal à peu près partout, mais ce moment a également été un vrai déclic. J’ai réalisé que la vie était courte et surtout qu’elle t’apporte ce dont tu as besoin. Il fallait que je commence à vivre comme j’en avais envie.

2. MON ROAD TRIP AMÉRICAIN

Avec une amie, on est parti faire un road trip aux Etats-Unis : New-York, San Francisco, Santa Barbara puis Los Angeles, et Las Vegas. On a fêté Noël à Bryce Canyon, un endroit à couper le souffle ! On était dans une chambre d’hôtel, seule au monde, à manger des plats surgelés avec les doigts. J’en garde un souvenir incroyable. C’était certainement le Noël le plus magique de ma vie avec la neige comme cadeau au réveil. Ce voyage a été¬ une sacrée aventure émotionnelle. C’était vraiment Rock and Roll, ponctué de fous rires, de lieux sublimes, de rencontres surprises et d’aventures en tout genre.

3. PARTIR LOIN POUR S’OUVRIR AUX AUTRES

Après 2 mois, mon amie est rentrée en France et moi je repartais directement vers l’Australie, sans billet de retour. J’avais besoin de partir très loin de tout, même si mes parents étaient contre. J’ai été fille au pair à Brisbane environ 3 mois. C’était un véritable partage, ça m’a fait énormément de bien. La mère des filles a vraiment été comme ma deuxième maman. Quand je suis partie, elle m’a dit qu’elle n’avait jamais vu ses filles aussi heureuses que depuis que j’étais rentrée dans leurs vies. C’était un bonheur réciproque.

4. MA BOULEVERSANTE RENCONTRE

Je suis ensuite partie travailler en ferme. C’est là que j’ai rencontré Scott. Il a été un tournant dans ma vie intellectuelle et spirituelle. On a passé toutes nos soirées à discuter de sujets simples et profonds. Il m’a fait réaliser plein de chose sur moi, sur les autres, sur mon rapport au monde. Quand il est parti, ça a été, bizarrement, comme si je perdais une partie de moi. J’étais persuadée que je n’allais jamais le revoir, et pourtant il ne s’était rien passé entre nous.

5. MON ANGOISSE FACE AU RETOUR

Après 9 mois, plusieurs jobs et quelques galères, je me suis dit qu’il était temps de rentrer en France mais, en réalité, je n’en avais aucune envie. Si je rentrais, c’était pour mieux repartir un jour. Ce qui est terrible quand on revient parmi nos proches, c’est qu’on se retrouve dans le même pays, mais plus sur le même fuseau horaire.

6. MES RETROUVAILLES AU VIETNAM

Un jour, j’ai repris contact avec Scott. Il m’a avoué avoir ressenti le même sentiment que moi. J’ai alors décidé de le rejoindre à Hanoï, juste après avoir activé mon PVT canadien. Tout mon cœur voulait juste le revoir et passer du temps avec lui pour mettre des mots sur notre relation. C’est là que j’ai compris que c’était une personne très importante pour moi sans pour autant être l’homme de ma vie. Il a été mis sur ma route au bon endroit, au bon moment, pour m’éclairer d’une certaine façon mais, c’était plus spirituel qu’amoureux. J’ai été heureuse d’avoir écouté mon cœur et d’y être aller.

MON BILAN

Cette année, à Montréal, est très riche en émotions. Pour moi, on ne peut pas changer sa nature profonde mais on peut la faire évoluer et c’est ce que j’essaie de faire en ce moment. J’ai l’impression de ne pas pouvoir me permettre d’échouer. Il y aurait trop peu de personnes capables de ramasser les morceaux. Alors j’avance, sans filet, aussi bien émotionnellement que financièrement. Je préfère me prendre un mur plutôt que d’avoir des regrets. Dans quelques années, je ne serai plus sur Terre, donc j’essaie d’être en harmonie avec moi-même, dans l’instant présent. C’est ça le plus important. L’échec c’est de ne pas essayer. Si tu essaies et que tu te plantes, ça s’appelle une expérience, une leçon. En tout cas, c’est comme ça que je conçois mon quotidien désormais. Je crois profondément que la vie t’apporte ce dont tu as besoin et aujourd’hui, je me sens à un tournant de ma vie. Je n’ai plus qu’à prendre le virage et vivre les choses toujours plus intensément.

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HARMONY | 34 ans | Parisienne

MÉTRO JEAN-TALON

Date d'arrivée au Canada : 03/09/2013

Date de rencontre : 10/10/2017

Pays habités : France | Canada

LE CŒUR À LA RAISON

1. MA RENCONTRE AVEC LUI

Je suis à Montréal parce que j’ai tout quitté pour quelqu’un. Je rencontre Fred, mon conjoint actuel, l’été de mes 19 ans. C’est un amour de vacances très intense sauf qu’à ce moment-là, nous sommes tous les deux déjà en couple. Et puis, il veut repartir au Québec, après avoir déjà vécu là-bas. Pourtant, on sait qu’il s’est passé quelque chose de très fort entre nous, sans pour autant se l’avouer.

2. MA VIE CONTINUE

Quelque temps après, je fais la connaissance de mon ex-conjoint avec qui je suis restée 10 ans. À 22 ans, je crée mon agence immobilière et j’achète une ancienne usine pour la retaper avec lui. Quatre ans après, Facebook arrive et je retrouve Fred. On se donne des nouvelles, j’apprends qu’il est toujours avec sa copine de l’époque, qu’il va être papa et qu’il a bien réussi.

3. MA RUPTURE

Quelque temps après, je fais la connaissance de mon ex-conjoint avec qui je suis restée 10 ans. À 22 ans, je crée mon agence immobilière et j’achète une ancienne usine pour la retaper avec lui. Quatre ans après, Facebook arrive et je retrouve Fred. On se donne des nouvelles, j’apprends qu’il est toujours avec sa copine de l’époque, qu’il va être papa et qu’il a bien réussi.

4. LE BASCULEMENT

Peu après, je vois par hasard Fred connecté sur Facebook et on commence à discuter. Il est aussi en pleine séparation et il me dit qu’il n’a jamais cessé de penser à moi. Ça me bouleverse. Je décide alors de prendre un billet d’avion pour le rejoindre à Montréal et passer un mois de folie. Je me sens libre, amoureuse, c’est ridicule, c’est n’importe quoi tellement tout est beau. Avant que je reparte, on loue carrément un appartement ensemble.

5. MON RETOUR

Le retour en France est difficile. Il faut que j’annonce à ma famille et à mes amis, dont je suis très proche, que je vais repartir au Québec pour longtemps. A côté de ça, mon ex me dit qu’il m’aime toujours et qu’il est convaincu que je suis la femme de sa vie. Je lui dis que c’est bel et bien fini mais, c’est dur de lui faire du mal et de gérer la distance qui me sépare de Fred.

6. MON CHOIX

Je ne suis pas du tout soutenue par mes proches pour mon départ et pendant 1 an et demi je fais énormément d’allers-retours pour régler mes affaires. À chaque fois, quitter Paris est un déchirement autant que de quitter Montréal. C’est une première année qui est difficile et géniale à la fois. Pendant 2 ans et demi personne ne vient me voir à part mon petit frère. Comme s’ils me faisaient payer le fait de les avoir quittés.

7. MA MATERNITÉ

Après un voyage à Saint-Martin avec Fred, j’apprends que je suis enceinte. S’en suivent 9 mois de grossesse très intenses. Lui travaille énormément et je vis mal la distance avec ma famille, je me sens toute seule. Je porte beaucoup de culpabilité en moi mais, j’ai fait un choix, et je dois l’assumer. J’ai eu ma fille en mai 2015. Elle est très téméraire, avec un tempérament de feu comme sa mère.

MON BILAN

En faisant, le choix de partir, je me suis sentie libre. C’est parfois en omettant les conséquences que tu vis les plus belles aventures. J’ai tout quitté pour l’homme que j’aime, je suis devenue maman et belle-mère, ça fait beaucoup de changements et maintenant j’ai envie de me recréer un monde, tout un univers à Montréal. Je n’ai aucun regret, car j’ai les plus beaux cadeaux qui puissent exister : l’amour de l’homme que j’aime et ma fille.

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CÉLINE | 31 ans | Belge

SQUARE VICTORIA OACI

Date d'arrivée au Canada :09/12/2011

Date de rencontre : 20/10/2017

Pays habités : Belgique | Canada

SE CONSTRUIRE AILLEURS MALGRÉ LES OBSTACLES

1. MON NOUVEAU DÉPART

Je suis arrivée à Montréal dans le cadre de mes études mais je savais même avant d’arriver que je comptais rester. Mon copain et moi avions déjà lancé les démarches pour notre Résidence Permanente depuis la Belgique. Nous voulions faire le Grand Saut.

2. LIBRE D’AVANCER ET DE CHANGER D’AVIS

Si on réfléchit trop on finit par ne rien faire. On peut toujours changer de trajectoire il ne faut pas avoir peur de se lancer. J’ai pris toutes mes décisions avec cette idée en tête, même celle de me marier.

Il y a 4 ans, mon copain et moi nous sommes mariés mais je l’ai finalement quitté il y a 4 mois.

De mon point de vue, tu ne peux jamais dire à quelqu’un que tu vas l’aimer jusqu’à la fin de tes jours car tu ne peux pas le savoir. C’est une preuve d’amour que tu donnes sur le moment. Je ne regrette rien du tout de ce que j’ai fait. Je n’aime pas me donner des lignes directrices et me dire après « il faut que je m’y tienne même si elles ne me correspondent plus ».

3. MES EXPÉRIENCES DIFFICILES M’AMÈNENT VERS UN AVENIR SEREIN

J’ai également affronté l’épreuve la plus difficile de ma vie, une fausse couche. Après 3 semaines d’absence au travail, j’ai été licenciée alors que j’avais été légalement en arrêt maladie. J’ai fait une dépression. J’ai réalisé à ce moment tous les espoirs que j’avais mis dans cette grossesse. Je n’étais pas complètement heureuse et j’avais fait l’erreur de penser qu’un enfant serait la solution à mes problèmes, de couple notamment.

Puis je suis tombée amoureuse d’une personne à mon nouveau travail. J’ai décidé de quitter mon mari pour vivre avec lui. C’était mon choix, il fallait en assumer les conséquences mais c’était compliqué de gérer des couples d’amis qui te laissent tomber et surtout, la culpabilité de faire du mal à quelqu’un de bien que tu as profondément aimé. Heureusement, aujourd’hui avec mon « futur ex-mari », on est en très bons termes.

4. MON PASSÉ COMPLIQUÉ QUI CRÉE LA FEMME QUE JE SUIS AUJOURD’HUI

J’ai confiance en mon jugement, je pense que je me connais bien, je sais quelles sont mes failles et mes forces. Mais je ne dirais pas pour autant que j’ai confiance en moi. Je pense que ça n’arrivera jamais. Quand j’étais petite, mon père m’a mal traité physiquement et mentalement donc toutes les choses que j’ai pu subir, je les garderai toujours en moi.

En même temps, avoir un passé comme le mien ça me donne une certaine force. Même si je le pouvais, je ne changerais rien, car je suis sûre que mon enfance m’a donnée des outils que d’autres n’ont pas.

MON BILAN

La leçon que je retire de mes expériences, c’est vraiment de ne pas avoir peur du changement. C’est quelque chose que j’essaie de me dire tous les jours. C’est toujours la peur qui nous retient, pas le manque d’envie. J’essaie de ne pas laisser la peur gérer ma vie. J’essaie aussi de m’écouter le plus possible, pour savoir ce que je veux vraiment sans trop prendre en considération ce que les autres disent. Je trouve que les gens ont tendance à reporter trop souvent leurs propres frustrations sur les autres. Heureusement il y a toujours des personnes qui vont t’encourager.

Je vois la vie comme un arbre. Et l’important est de se concentrer sur les branches qui vont, selon toi, donner des feuilles voire des fruits, pas sur celles qui vont rester des brindilles. Personnellement, je ne crois pas au destin, je crois au feeling.

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ANAÏS | 31 ans | St. Doulchard

MÉTRO OUTREMONT

Date d'arrivée au Canada : 06/05/2017

Date de rencontre : 10/09/2017

Pays habités : France | Guadeloupe | Australie | Colombie | États-Unis | Canada

ASSUMER SES CHOIX POUR EXISTER

1. MON PREMIER GRAND SAUT

A 20 ans, je suis partie seule en Australie dans le but d’apprendre l’anglais et surtout de vivre une expérience à part entière. Arrivée à Brisbane, j’ai suivi des cours de langue et enchaîné les petits boulots pour financer un voyage qui aura, au final, duré un an. C’était la première fois que je partais aussi loin, aussi longtemps. Je ne connaissais personne et avais un niveau d’anglais médiocre. Autant dire que le challenge était de mise et les repères difficiles à trouver. De rencontres en aventures, l’expérience s’est avérée intensément grandiose.

2. MON RETOUR AU PAYS DIFFICILE

Le retour chez mes parents en France, après un an à l’autre bout du monde, a été un choc. Je ne m’y étais pas du tout préparée. Les gens autour de moi ne comprenaient pas ce mal être que l’on peut ressentir quand on revient d’une longue période à l’étranger. J’avais le manque de mes amis qui étaient devenus en quelque sorte ma famille et avec qui j’avais vécu des choses extraordinaires. Je n’avais qu’une idée en tête : repartir.

3. MA NOUVELLE DESTINATION QUI N’A PAS FAIT L’UNANIMITÉ

J’ai ensuite choisi d’aller en Colombie. Il y a eu beaucoup de réticences de mon entourage qui avait peur pour moi, car c’était l’époque où Ingrid Betancourt était encore détenue par les Farcs. Je suis malgré tout partie dans ce pays considéré dangereux. J’étais complètement plongée dans la culture colombienne, entourée de personnes accueillantes, fières de leur pays et de leur culture bien loin des préjugés. Un jour, je suis allée à l’ambassade de France pour voir s’il était possible d’étudier en Colombie, car je m’y sentais si bien que je voulais y rester. L’attachée audiovisuelle m’a reçue et s’est inquiétée de me savoir ici toute seule. Au final, on a plus parlé de mon histoire que des opportunités mais je suis quand même repartie avec sa carte de visite.

4. MON CHOIX DE PARTIR EN STAGE TOUJOURS À L’ÉTRANGER

À mon retour en France, je m’étais inscrite dans une école de commerce à Lyon et lors de mes études je devais effectuer des stages en entreprise. J’ai donc décidé de recontacter la personne que j’avais rencontré à l’ambassade de France en Colombie. Je me suis obstinée et j’ai finalement été acceptée pour un stage lors duquel j’ai travaillé sur un festival de cinéma français. Ce nouveau challenge a été très enrichissant et m’a permis de faire de très belles rencontres. L’année d’après c’est en Guadeloupe que j’ai posé mes valises pour un autre stage de 3 mois à France télévisions.

5. MON EXPÉRIENCE AMÉRICAINE

À la fin de mes études, j’ai travaillé deux ans à Paris, mais j’avais encore la bougeotte. J’ai eu la possibilité de partir un an en Floride pour travailler à Disneyworld mais cela ne m’a pas plu. Selon moi, la magie Disney contraste totalement avec les back stages et le quotidien des employés. Après quoi, je suis partie vivre deux ans en Californie. Ce qui m’a permis de visiter plein de lieux magnifiques tels que Hawaii et l’Alaska entre autres.

6. MA REMISE EN QUESTION

Je suis rentrée en France quelques mois afin de pouvoir mieux repartir au Canada. Après être partie trois ans, cela a été une nouvelle fois très dur de revenir d’autant que je venais de me séparer de mon ex-copain. J’étais totalement perdue et je n’avais plus envie de rien. Avant le Québec, j’ai fait une escale d’une semaine au Mexique et une semaine au Belize en mode aventure totale sans planning ni réservation. J’ai créé mon parcours au fil des rencontres et des envies. C’était la première fois que je voyageais ainsi et ce fut une réelle sensation de liberté, ce qui m’a aussi permis de reprendre confiance en moi.

MON BILAN

Aujourd’hui, ça fait six mois que je suis à Montréal et j’aimerais enfin me poser. Après avoir visité tous les continents, j’ai envie de m’installer pour de bon et je ressens le besoin de construire quelque chose. Ce que je retiens de tous ces voyages : c’est de vivre et d’apprécier le moment présent, de ne pas se poser trop de questions et de prôner le « on verra ». Cela permet de se laisser surprendre et émerveiller par la beauté et la diversité de ce monde qui nous entoure. Laisser place à l’imprévisible et la découverte, c’est aussi ce qui forge notre caractère et l’apprentissage de la vie.

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LIDYE | 26 ans | Martiniquaise

MÉTRO BONAVENTURE

Date d'arrivée au Canada : 12/06/2017

Date de rencontre : 13/10/2017

Pays habités : Martinique | Canada

SA PLACE GRACE À SON INDÉPENDANCE

1. SUIVRE MA PROPRE VOIE

J’ai vécu toute mon enfance et mes études en Martinique mais, je ne me sentais pas à ma place. J’étais différente de mes amies et je voulais le rester. J’étais souvent l’objet de moqueries parce que j’essayais de me projeter et je voulais me battre pour réussir. Après avoir eu ma licence pour laquelle j’avais travaillé très dur, je suis partie à Montréal avec une valise à moitié vide portée par mon ambition.

2. MON ÉDUCATION DIFFÉRENTE

Ma famille m’a appris à être indépendante très tôt. Surtout ma mère, elle tenait à ce que j’apprenne tout par moi-même. Dès l’âge de 6 ans, quand je lui demandais de l’aide, elle me disait « fais comme si je n’existais pas, comme si j’étais morte ». Aujourd’hui, 20 ans plus tard, je comprends où elle voulait en venir mais, quand j’étais jeune c’était vraiment difficile.

3. CHANGER LES RAPPORTS AVEC SA FAMILLE

Ma famille ne me manque pas. Bien sûr, je ne peux pas vivre sans elle mais, c’est comme s’ils étaient tout le temps là, comme si je ne m’étais jamais éloignée d’eux. Je suis même plus proche de mes parents qu’avant. J’ai l’impression qu’ils avaient besoin que je parte pour se rendre compte de ma valeur dans la famille.

4. RÉALISER D’OÙ JE VIENS POUR CHOISIR OU JE VAIS

À Montréal, je me sens chez moi. Je ne me suis jamais sentie dépaysée, à part pour la neige (je n’en avais jamais vu avant d’arriver au Canada). Vivre dans un autre mode de vie avec un autre système permet d’apprendre beaucoup de choses. Tu as un regard neuf sur tout ce que tu as connu avant. Maintenant, je me rends compte qu’aucun pays n’est parfait. L’erreur qu’on fait, nous, la jeunesse antillaise, c’est de critiquer sans cesse nos îles. Finalement, il a fallu que je quitte la Martinique pour changer l’image que j’avais d’elle.

5. SEULE FACE À MA DOULEUR

Après, il n’y a pas eu que du positif. J’ai vécu beaucoup d’épreuves difficiles. J’ai été notamment malade. Les médecins martiniquais soupçonnaient déjà que j’avais le syndrome du côlon irritable mais ça a été vraiment diagnostiqué au Canada. C’est une maladie bénigne du côlon qui fait que certains aliments, et aussi le stress, créent des crises qui deviennent de plus en plus douloureuses.

Mes premières crises ici se sont déclenchées en plein hiver. Le fait de ne pas avoir ma famille avec moi, surtout ma mère, a rendu ces moments encore plus compliqués. Il n’y avait personne pour appeler l’hôpital, je devais aller seule aux urgences ou appeler une ambulance. En Martinique, quand j’avais mes crises, je criais de toutes mes forces pour me soulager mais ici je devais essayer de me calmer autrement. Je savais que personne ne pouvait m’aider. Dans ces moments on se sent très seule.

MON BILAN

Globalement, depuis que je suis partie, mes parents m’aident beaucoup. Ils savent que c’est mon avenir qui est en jeu, ils veulent que je réussisse. Je le ressens un peu comme s’ils voulaient se rattraper. Ils n’ont tellement pas été présents dans mon enfance qu’ils veulent maintenant me soutenir. Tout ce que j’attendais étant petite, ils me le donnent maintenant.

Pour le moment, je suis encore en études, avec un boulot à côté et je n’imagine pas retourner sur mon île. Je serais vraiment malheureuse si je devais quitter Montréal. Je sens que je n’ai pas encore accompli ce que je dois accomplir ici. Je dois me prouver à moi-même que je peux y arriver. J’ai envie de réussir dans ma vie professionnelle. Si je reviens un jour en Martinique c’est pour être chef d’entreprise grâce à toutes les choses que j’aurai apprises et vécues ici.

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BLANDINE | 32 ans | Messine

MÉTRO ROSEMONT

Date d'arrivée au Canada : 16/06/2016

Date de rencontre : 19/10/2017

Pays habités : France | Lituanie | Moldavie | Canada

S’ADAPTER À DES CULTURES DIFFÉRENTES

1. MA SCOLARITÉ ATYPIQUE

J’ai eu un parcours scolaire assez compliqué. J’étais une petite fille très curieuse, très vive alors j’avais du mal à rester en place. J’ai découvert également, un petit peu plus tard, que j’étais dyscalculique : c’est un trouble du développement spécifique à l’apprentissage des mathématiques. A tel point qu’au lycée, je ne faisais plus les calculs, je créais des histoires avec les chiffres.

C’est pour ces raisons, que j’ai été orientée vers un BEP après ma Seconde générale. Pour moi, c’était synonyme d’échec au regard surtout de la mauvaise image que l’on a des filières professionnelles en France. Heureusement, j’ai fait mon BEP dans une maison familiale et non dans une institution classique. Les maisons familiales sont des instituts qui ont une pédagogie atypique, c’est-à-dire que la formation est en alternance et que les enseignants sont aussi des éducateurs. Il y a un vrai désir d’accompagnement avec beaucoup de respect et de proximité entre les éducateurs et les élèves. Pour ma part, je suis tombée amoureuse de cette pédagogie, ça m’a réconciliée avec l’apprentissage et surtout ça m’a complètement révélée. Par la suite, j’ai été prise dans une licence en science de l’éducation puis dans un master en communication.

2. MON ENVIE PROFONDE DE SORTIR DE MA ZONE DE CONFORT

Après mes études je suis passée par une longue période de précarité où j’ai eu plusieurs emplois alimentaires. Dans les moments difficiles, j’ai besoin de relever des défis pour me sentir vivante. J’ai finalement eu la chance d’être engagée par l’Alliance Française pour partir en Moldavie. J’ai toujours été intéressée par tout ce qui a trait à la solidarité et je voulais également en savoir plus sur la manière dont les pays anciennement communistes se sont reformés. D’ailleurs, j’étais déjà partie pour cette raison en Lituanie pendant mes études. La Moldavie est le pays le plus pauvre d’Europe. La corruption est très présente et, depuis la chute de l’URSS, ils sont encore en recherche de leur identité.

3. TOUTE EXPÉRIENCE VÉCUE EST SOURCE D’APPRENTISSAGE

J’ai travaillé pendant 9 mois pour l’Alliance Française et après pour une association humanitaire qui a pour objectif d’aider les villageois dans leur quotidien. C’était un projet assez fou. On a fait face à des situations de violence à cause de l’alcoolisme, très présent là-bas, notamment vis-à-vis des enfants. Il a fallu se positionner pour les protéger. C’était une expérience très formatrice et j’étais fière de la manière dont j’avais réussi à gérer toutes sortes de situations et à m’accrocher malgré les difficultés. J’ai pris cette aventure comme une vraie leçon de vie qui m’a profondément enrichie.

4. UN PAYS QUI CORRESPOND À MES VALEURS

Pour le Canada, ça faisait déjà longtemps que j’y réfléchissais. J’avais envie d’un nouveau challenge, différent des précédents, où j’aurais, cette fois tout à construire. J’adore l’idée que cette ville soit une sorte de « ville-laboratoire ». J’aime leur rapport à la culture et leur volonté de la partager, leur vision du social aussi, le fait qu’il y ait plein d’offres de bénévolats et qu’on puisse participer à plusieurs événements culturels même avec peu de moyens financiers. Moi qui ai soif de connaissances et qui suis très attachée au respect, à l’intégrité des personnes et à l’ouverture d’esprit, ici je me sens comme chez moi.

Ce que j’aime également, c’est leur vision de l’échec qui est complètement différente de celle des Français. Les Canadiens partent du principe qu’on apprend de ses échecs car chaque tentative vient d’une volonté d’apprendre.

MON BILAN

Je fais toujours la distinction entre ma vie personnelle et professionnelle. Je dis ça parce qu’on a souvent tendance à définir les gens par leur métier. Concrètement, aujourd’hui, je suis un peu à la recherche de ce que je veux faire professionnellement mais, ça n’empêche qu’à côté, je sais qui je suis, je connais mes valeurs et je sais ce qui m’intéresse.

Je me rends compte que les voyages et les expériences que j’ai vécus ces dernières années m’ont vraiment permis de m’affirmer. Je garde les pieds sur terre parce que je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait mais je reste très optimiste. Je pense que toute notre vie on est un peu en recherche de soi-même mais pour le moment, je suis bien où je suis et c’est ça le plus important.

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CYNTHIA-LAURE | 34 ans | Amiénoise

MÉTRO PRÉFONTAINE

Date d'arrivée au Canada : 14/08/2017

Date de rencontre : 30/10/2017

Pays habités : France | Royaume-Uni | États-Unis | Canada

SORTIR DE SA ZONE DE CONFORT POUR ASSUMER SES AMBITIONS

1. PREMIER PAYS, PREMIERS DÉFIS

Chaque été pendant 3-4 ans, j’allais à Londres pour être fille au pair. Partir dans un pays inconnu, dans une famille inconnue pour pratiquer une langue avec laquelle je n’étais pas à l’aise à l’oral était un vrai challenge. Mais j’ai toujours aimé les challenges !

2. TRAVAILLER À MON COMPTE

A la fin de mes études, après une recherche d’emploi qui n’aboutissait pas, j’ai décidé de me lancer comme auto-entrepreneure en tant que Consultante en Relation Presse. J’avais vraiment envie d’être indépendante, de choisir mes clients et mes projets. Cela a été synonyme de beaucoup de challenges, notamment celui d’apprendre à parler de moi comme une marque. J’ai vraiment dû sortir de ma zone de confort. Je travaillais énormément, je mangeais et dormais peu. Bien qu’extrêmement enrichissante, cette aventure était stressante et sans le travail d’hôtesse d’accueil que j’avais à coté, je n’arrivais pas à m’en sortir financièrement.

3. MA DÉCOUVERTE DU MONDE DE L’IMAGE

Je me suis donc remise à chercher un travail salarié, et j’ai été embauchée chez Gerard Darel, une marque de mode. J’étais très contente pour autant, au début, je ne me sentais pas à ma place. J’avais l’impression de ne pas avoir les compétences requises. J’ai compris plusieurs années après que je souffrais du syndrome de l’imposteur. Ce fut malgré ça une expérience très intéressante et stimulante. Cet univers m’a sensibilisée à l’image que l’on pouvait renvoyer de soi. L’aventure a pris fin par un licenciement économique.

4. RETENTER MA CHANCE ET LANCER MES PROJETS

Cet événement arrivait finalement à point nommé car depuis plusieurs mois, je ressentais le besoin d’être de nouveau à mon compte. Mais cette fois en tant que Conseillère en image et Styliste Personnelle.

J’en ai également profité pour lancer un projet associatif qui me tenait à cœur : le « Lab Des Auteures » via mon association, la Fédération des Femmes du Cinéma, de la Télévision et des Nouveaux Médias, la branche française de Women In Film. Grâce ce projet, quatre femmes scénaristes ont pu participer à une résidence d’écriture de deux jours au sein de la Maison des Auteurs de Paris.

5. LE MOMENT DE S’ARÊTER ET PRENDRE DU RECUL

Je suis sortie grandie de cette période intense, mais également épuisée car en parallèle de la Fédération et de mon travail, je suivais une formation de conseillère en image et je me préparais pour les examens. Je savais que je menais ma vie dans la direction que je voulais mais j’étais sur les genoux. En décembre 2016, la perte de proches a déclenché une remise en question. J’étais vraiment angoissée mais je sentais que Paris et moi, c’était fini, qu’une page s’était tournée. J’avais besoin de prendre un second souffle ailleurs. Direction New York City.

6. ÉCRIRE UN NOUVEAU CHAPITRE EN AMÉRIQUE

En arrivant, j’avais une peur folle de l’échec mais le fait d’aller vers cette peur et de sortir de ma zone de confort m’a fait faire des rencontres magnifiques, vivre des expériences incroyables, dures parfois mais tellement riches ! À New York City je me suis lancée dans ma passion de Styliste Personnelle & de Conférencière. J’ai aussi lancé un mouvement intitulé « I’M (NOT) A FRAUD ! » pour renforcer le leadership des femmes car j’ai réalisé que beaucoup souffraient du syndrome de l’imposteur sans même pouvoir le nommer.

MON BILAN

Tout ce que je développe, je le fais en suivant mon intuition et aussi avec une bonne dose de culot. Aujourd’hui je vis à Toronto et je voyage beaucoup pour mon travail. Je construis chaque jour ma confiance en moi. Je suis fière de mon parcours et de toute l’énergie que j’ai investie pour en arriver là.

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KATIA | 40 ans | Nancéienne

MÉTRO PEEL

Date d'arrivée au Canada : 15/06/2016

Date de rencontre : 9/10/2017

Pays habités : France | Canada

EN QUÊTE D’ÉPANOUISSEMENT PERSONNEL

1. MA DÉCISION DICTÉE PAR MON ENVIE

J’ai 40 ans, je ne suis pas mariée, je n’ai jamais voulu d’enfant, même si j’aime les enfants et que j’ai adoré m’occuper de ceux des autres. Ma mère est ma seule famille et elle me soutient beaucoup, elle est mon modèle. J’ai vraiment un lien fort avec elle ainsi que mes amis.

Du côté professionnel, j’ai travaillé dans le conseil en image. J’ai eu ma propre boutique, j’ai donné des cours. J’ai beaucoup bossé dans ma vie sans pour autant faire fortune. Quand on est seule, on construit moins de choses, c’est un fait. Mais ma priorité a toujours été de profiter plus que de construire un avenir. Vivre le moment présent, ça peut être un défaut comme une qualité pour certains. Pour moi, c’est juste une façon de vivre.

En somme, je sors un peu des sentiers battus par rapport à la culture française et clairement, je n’avais plus rien qui me retenait dans mon pays. Je m’ennuyais, j’avais des gens toxiques autour de moi dont il fallait que je me défasse. Et puis, j’ai vraiment eu envie de vivre une aventure, quelque chose de nouveau, d’épanouissant sans plus chercher l’ambition.

2. MON DÉPART NATUREL

Je n’ai eu aucune appréhension à partir aussi loin, c’était naturel. Je savais qu’il ne pouvait rien m’arriver. Je me doutais bien que j’allais devoir m’adapter à la culture et à la mentalité mais ce n’était pas quelque chose d’effrayant pour moi. J’ai toujours été attirée par les autres cultures, mon mari était Turc (j’ai été mariée entre 21 et 24 ans), mes copains après n’étaient pas Français non plus. Je trouve que c’est toujours intéressant de découvrir de nouveaux profils et avec 153 nationalités différentes, Montréal est l’endroit parfait.

3. MON CHOIX, CELUI DE RESTER

Après quelques mois dans la ville, je me suis rendue compte que je n’avais aucun visa qui s’adressait à moi pour rester, soit parce que je n’avais pas assez d’argent ou de diplômes, soit parce que j'étais trop vielle…Pendant 1 an, j’ai eu quelques moments où je me suis dit que j’allais devoir retourner en France or ce n’était pas une option pour moi. J’étais vraiment désespérée. Quand on a connu le féminisme et le civisme ici on n’a pas envie de rentrer. D’ailleurs, j’ai fait ce constat cette semaine: en 1 an et 2 mois ici, pas une seule fois je n’ai subi du harcèlement de rue.

4. MA RECONVERSION

Finalement, je me suis dit que comme j’étais venue ici pour changer de vie, pourquoi rester absolument dans mon domaine? Alors j’ai commencé des études pour éduquer les enfants, et grâce à un visa travail-étude j’ai pu rester. Ça concordait aussi avec un ras-le-bol de mon milieu, j’avais envie de quelque chose de bienveillant et de simple. Je voulais avoir une vie épanouissante dans laquelle je puisse me reconnaitre. Le petit problème c’est que je déteste les études. On n’a pas tous l’esprit capable d’apprendre facilement et pour ma part, je suis kinesthésique : je ne peux pas apprendre ou retenir quelque chose si je ne l’expérimente pas. C’est donc un vrai challenge mais je suis venue pour ça !

MON BILAN

Je crois beaucoup au karma, il n’y a que toi qui peux gérer ce que tu fais de bien et ce que tu fais de mal. Maintenant, je sais pourquoi je suis ici. Pourtant ça a été beaucoup de galères. L’expérience de partir vivre seule à l’étranger, ce n’est pas une démarche anodine. J’ai découvert que les émotions sont décuplées. Les malheurs rendent tristes à mourir et les bonheurs sont des accomplissements formidables. Par contre, tu ne peux pas les partager avec les gens que tu aimes. Il y a un décalage qui se fait entre ce que tu vis et ce que les autres vivent dans ton pays, c’est normal mais parfois, ça me manque.

Les relations humaines ne sont pas les mêmes ici. Les Québécois ne se lient pas d’amitié facilement. Il y a un côté un peu superficiel, quand ils sont avec toi, ils sont à fond mais après c’est une autre histoire. En tant que Française quand tu fais une rencontre intéressante tu as envie de prolonger la relation et pour eux ça ne marche pas forcément comme ça. En revanche, j’admire cette entre-aide entre les femmes. Il n’y a pas de jugement notamment sur l’image comme on peut trouver en Europe. J’ai vu des femmes supers épanouies quel que soit leur âge, leur forme, leur style.

Je réalise aujourd’hui à quel point 1 an et 2 mois c’est long et court à la fois, et l’ampleur du changement. Ça m’a transformée dans le sens où j’ai l’impression d’être devenue moi-même. Je pense que je suis dans l’endroit idéal par rapport à mes aspirations.

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SARAH | 30 ans | Parisienne

MÉTRO SHERBROOKE

Date d'arrivée au Canada : 15/06/2016

Date de rencontre : 11/10/2017

Pays habités : France | Canada

FEMME-ENFANT À FEMME ADULTE

1. MON BESOIN DE PARTIR

Je suis née et j’ai fait toute ma scolarité en banlieue parisienne. Pendant mon BTS, je me suis dit qu’il fallait que je parte. Je stagnais à Paris, j’avais envie d’autre chose. Je suis aussi la fille unique d’une mère monoparentale, avec qui j’ai une relation à la fois fusionnelle et conflictuelle. J’avais besoin de sortir de ça et ma mère ne voulait pas me laisser voler de mes propres ailes, du moins au début. Par contre, je ne voulais pas non plus partir toute seule. Un jour une amie m’a proposée de partir avec elle au Canada. Cindy et moi avons fait notre demande de PVT et en mai 2011, on partait vivre 1 an à Montréal.

2. MA PREMIÈRE EXPÉRIENCE INACHEVÉE

Au départ, on s’est précipitée sur le premier logement qu’on a visité. L’appartement était sympa à part le fait qu’on ait eu des punaises de lit. On s’est battues avec le propriétaire car il ne voulait pas nous laisser partir. On a presque dû le menacer pour qu’il nous laisse déménager. En hiver, Cindy a perdu son boulot et s’est démotivée, sa famille et ses amis lui manquaient terriblement. Pour ma part, je ne me voyais pas rester seule. Je me suis dit : « on est venue ensemble, on repart ensemble ». Le retour a été vraiment difficile mais dans ma tête, je savais que je devais revenir. J’avais vraiment un goût d’inachevé.

3. MON RETOUR À LA CAPITALE

Quand je suis revenue à Paris, tout m’agaçait, ne serait-ce qu’entendre les gens râler, le bruit constant, les transports en commun. Ma vie et ma ville ne me satisfaisaient plus. En plus, au moment où je rentrais du Québec, ma mère, originaire des Antilles, repartait là-bas pour sa retraite. On n’a même pas eu le temps de se croiser. Je suis arrivée dans un appartement complètement vide avec un simple matelas gonflable en guise de lit. Il m’a fallu environ 6 mois pour me réadapter et réapprendre à aimer Paris.

4. PRENDRE DU RECUL POUR MIEUX SAUTER

À cette époque, mon père était venu me chercher à l’aéroport mais je n’ai pas de vraie relation avec lui. Ce n’est pas quelqu’un qui a participé à mon éducation. C’est peut-être la raison pour laquelle j’ai besoin de beaucoup d’attention. En fait, je me considère comme une femme-enfant. J’ai toujours été très entourée, aussi bien par ma mère que par mes amis. C’est pour ça que, cette fois, je voulais repartir toute seule. Je voulais me débrouiller par moi-même, j’avais besoin de me prouver certaines choses. Et c’est ce que j’ai fait.

5. DÉMÉNAGER POUR DE BON

En mars 2014, j’ai demandé la résidence permanente canadienne depuis la France. J’ai eu une réponse positive en janvier 2017 et je suis donc repartie à Montréal. Le premier mois était vraiment génial. J’allais plus facilement vers les autres, je m’étais même créé un petit réseau professionnel et un cercle d’amis. C’était trop beau jusqu’au mois suivant.

6. RENVOYER SANS TRANSITION

J’avais un poste de recruteur dont j’ai été licenciée du jour au lendemain. On m’a convoquée chez les RH, mon patron m’a donné un carton avec mes affaires et on m’a renvoyée sans trop me donner de raison, et en me faisant passer par la porte de derrière pour ne pas que je croise mes collègues. C’était un moment vraiment dur mais je me suis dit que je n’avais pas fait tous ces efforts pour repartir en France. J’ai rebondi et j’ai retrouvé un travail en 1 semaine.

MON BILAN

J’ai appris beaucoup de choses, notamment qu’il fallait faire preuve de patience, ce qui n’a pas toujours été mon fort. J’ai réalisé que dans n’importe quelle situation négative, il y avait du positif. Il ne faut pas oublier de croire en soi et de toujours relativiser. Ici j’ai la sensation que tout est possible et j’ai envie d’y croire.

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MARJORIE | 31 ans | Nantaise

MÉTRO ACADIE

Date d'arrivée au Canada : 10/05/2016

Date de rencontre : 20/10/2017

Pays habités : France | Canada

SE DÉCOUVRIR
SOI-MÊME

1. TOUT PLAQUER ET ME LANCER

J’ai toujours aimé voyager et dans un coin de ma tête je rêvais de m’expatrier au Canada. Je ne saurais expliquer pourquoi exactement, il y a eu plein de signes qui m’ont orientée vers ce pays. Quand j’ai finalement décidé de me lancer, ça n’a pas été facile. J’ai d’abord fait trois demandes avant d’obtenir mon PVT, puis j’ai obtenu une rupture conventionnelle, après une bataille difficile et délicate, via mon rôle de Délégué du Personnel. Puis j’ai résilié tous mes abonnements et organiser un vide-appart-dressing. Bref. Tout quitter pour laisser le confort de ma vie française. C’était un sacré challenge ! Après je me sentais légère, je flottais presque.

2. ME SOCIABILISER, MON NOUVEAU CHALLENGE

Je suis arrivée seule en terre inconnue pour tout recréer. Ce qui a été le plus difficile pour moi c’est le côté social. Sans attache, ni connaissances, c’est compliqué de se recréer un nouveau réseau personnel et professionnel surtout que Montréal est une grande ville où les gens vont et viennent. Il y a un aspect assez éphémère dans les relations de nos jours avec beaucoup de rencontres, superficielles, opportunistes, ce qui n’est pas simple à gérer.

3. EN DEHORS DE L’ESPACE ET DU TEMPS

Au bout d’un an et demi je suis rentrée en France pour des vacances. C’était très étrange, parce que je n’avais pas l’impression de rentrer dans mon pays. J’étais comme dans une bulle, présente sans être vraiment là. Aujourd’hui, je ne me vois pas rentrer et en même temps je ne sais pas si je vais rester 10 ans au Canada. Pour le moment, je vis au jour le jour et j’aime avoir cette souplesse pour me sentir vivante, sans me poser de questions ou me mettre de pression.

4. PARTAGER PAR MES ÉMOTIONS

L’expatriation créée une excitation et en même temps une peur folle de savoir qu’on va dans un endroit inconnu, qu’on va devoir retrouver son équilibre et ses repères. C’est intense, palpitant et terrifiant à la fois ! Toute cette aventure me fait travailler sur moi-même et prendre du recul sur les choses que je vis au quotidien.

5. SE CONFRONTER À L’INCONNU

Ce que je suis venue chercher à l’autre bout de l’Atlantique, c’est l’aventure, l’expérience de l’immigration et l’adaptation à une culture différente. Ici les gens sont au premier abord plus simples, gentils, ils ne portent pas de jugement. À défaut, ils n’ouvrent pas leur porte intime facilement. Nous n’avons pas le même rapport à l’amitié et la façon de la créer et de l’entretenir. Tout n’est pas parfait bien évidemment, mais c’est un tout, un juste équilibre qui me correspond et m’épanouit tellement jusqu’à aujourd’hui.

MON BILAN

L’expatriation fait beaucoup évoluer la personnalité, et fait apparaître des traits qu’on pouvait ignorer ou du moins qu’on ne pensait pas aussi présent en nous. À des âges où on pense se connaître, on comprend rapidement qu’en réalité on évolue constamment et que toutes expériences permettent d’acquérir une plus grande maturité et un esprit plus ouvert. Ici j’ai appris à être plus diplomate. Je suis aujourd’hui fière de mon parcours. Avant, j’étais d’une nature plus angoissée ou plus sanguine, et d’une certaine manière le Québec m’a apaisée.

Si j’avais un conseil à donner, c’est qu’il faut être prêt au changement, se renseigner sur son pays d’adoption et ne pas avoir honte de se livrer et de dire quand ça ne va pas. Parfois on se rend compte que le soutien dont on avait besoin vient d’une personne qu’on n’attendait pas.

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MÉLISSA | 32 ans | Guadeloupéenne

MÉTRO BERRI UQAM

Date d'arrivée au Canada : 14/02/2016

Date de rencontre : 15/10/2017

Pays habités : Guadeloupe | France | Canada

UN NOUVEAU PAYS, DE NOUVEAUX PROJETS

1. MES ENVIES D'AVENTURES

Après avoir passé 18 ans sur mon île natale, la Guadeloupe, j’ai décidé de m’envoler de mes propres ailes vers la métropole. J’ai passé 12 années là-bas et cette soif d’aventure se faisait encore plus grande. J’ai pris donc de nouveau la décision de partir vers une nouvelle destination, le Canada, mais cette fois-ci accompagné de mon mari, rencontré 4 ans plus tôt. Nous avions tous deux obtenu notre Permis Vacances Travail en mai 2015. En octobre de la même année, il est parti pour préparer notre installation pendant que je m’occupais des derniers détails logistiques et administratifs en France.

2. SANS TRANSITION

Le 14 février 2016, la Saint-Valentin, me semblait la parfaite date pour retrouver mon mari à Montréal après 4 mois de séparation. J’étais surexcitée et bizarrement sereine. Pourtant, je n’avais jamais posé un pied sur le sol canadien. Me voilà arrivée, le jour le plus froid de l’hiver 2016 avec un ressenti de -42 degrés. Dans ma valise, quelques vêtements, beaucoup de cosmétiques et surtout une grande détermination.

Dès le lendemain de mon arrivée, j’ai commencé à chercher du travail et un mois plus tard, je décrochais mon premier emploi ! Nouveau pays, nouveau job, et plein de nouveaux défis à relever. C’était le moment ou jamais de montrer ce dont j’étais capable.

3. CRÉER MA COMMUNAUTÉ

Du côté personnel, je suis adepte des soirées cocooning entre filles et je commençais à ressentir le manque de mes copines. Alors, j’ai eu l’idée de créer un groupe Facebook destiné principalement aux nouvelles arrivantes à Montréal afin de s’entraider et de se divertir ensemble. Plus d’un an après, nous sommes 2500 membres ! Ce groupe m’a permis d’aller outre mes croyances limitantes et de faire de belles rencontres. Malheureusement, il y a aussi beaucoup de personnes qui ne restent qu’un temps au Canada. C’est un peu difficile parfois de s’attacher à des personnes qui finalement repartent.

4. SAISIR TOUTES LES OPPORTUNITÉS

À ce jour, mon mari et moi voulons rester à Montréal au moins pour les 5 prochaines années avec l’obtention de la résidence permanente. J’ai des projets d’entreprises pleins la tête ! En attendant, je continue d’exploiter mes compétences de coiffeuse afro et de maquilleuse sur mon temps libre car je suis tout simplement une passionnée de beauté. Je trouve mon adrénaline en sortant de ma zone de confort pour saisir les opportunités. Je sais que chaque chose que je fais aujourd’hui m’en apportera de nouvelles demain.

MON BILAN

Quand tu vis en France, tu as tes habitudes, ton cercle d’amis, ta famille, tu ne vas donc pas nécessairement vers les autres. Ici, j’ai dû apprendre à être plus ouverte, plus tolérante et entreprenante. Ce rôle de modératrice que je me suis créé avec le groupe Facebook, m’a forcé à me mettre en avant pour créer du lien entre les membres. Je n’étais pourtant pas comme ça ¬avant mon arrivée à Montréal. Aujourd’hui, je travaille fort pour réaliser mes projets et faire de mes rêves, une réalité.

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